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Député du Gard et secrétaire général du Rassemblement bleu Marine (RBM), Gilbert Collard revient sur les récents évènements qui ont secoué le Front National. Interview.

Planet : Vous êtes donc décidé à prendre votre carte au Front national (FN) ?Gilbert Collard : "Plus précisément, j’estime que désormais plus rien ne s’oppose à ce que je puisse la prendre. J’ai posé une pétition de principe : à partir d’aujourd’hui, il n’y a plus aucun obstacle pour que j’envisage de prendre ma carte dans la mesure où ce n’est pas incompatible avec ma fonction fédératrice de secrétaire général du RBM.Planet : Le sas de décompression que semble être le Rassemblement Bleu Marine (RBM) n’est plus nécessaire ?Gilbert Collard : Au contraire, il y a beaucoup de gens qui continuent à vouloir venir au RBM sans aller directement au Front national. L’évolution des choses donne de plus en plus d’importance au RBM. Planet : Si Marine Le Pen n’avait pas sanctionné son père, auriez-vous démissionné ?Gilbert Collard : Non, car je fais la part des choses humaines. Je comprends parfaitement que d’un côté on sanctionne des propos et que d’un autre on soit obligé d’avoir du respect pour l’histoire d’un homme, dans sa construction d’un parti dont nous sommes issus. J’imagine mal Pierre Laurent, secrétaire national du Parti communiste français, exclure moralement son père qui était membre du comité central du PCF à l’époque où ils préconisaient le placement en hôpitaux psychiatrique des homosexuels… Ou alors, il faudrait qu’il fasse une déclaration en disant qu’il renie son père lui aussi.Planet : Demandez-vous l’exclusion de Jean-Marie Le Pen ?Gilbert Collard : Non, il y a une procédure disciplinaire qui va avoir lieu et on décidera en fonction des explications qu’il donnera. Le fait que la question soit posée constitue déjà une sanction. Planet : Jean-Marie Le Pen estime qu’il y a beaucoup de fervents pétainistes au Front National (FN), qu’en pensez-vous ?Gilbert Collard : Ils sont dans des cimetières. Ce qui est aberrant chez les journalistes intelligents, c’est qu’ils voient une doctrine clairement opposée aux propos de Jean-Marie, qu’ils voient tous les responsables du RBM et du FN condamner ses déclarations et ils disent qu’il y aurait encore des gens chez nous qui adhéreraient aux idées de Jean-Marie. Il faut être cohérent ! Pourquoi adhérer à un mouvement qui ne défend pas nos idées ? Il y a une question d’intelligence élémentaire qui est révélatrice d’un parti pris contre nous, d’une volonté pathologique de nous maintenir dans le discours de Jean-Marie Le Pen. Cela rend service aux journalistes car ils peuvent utiliser les arguments de la xénophobie, du racisme et du collaborationnisme. Si je suis pétainiste, je ne reste pas dans un mouvement qui critique Pétain et qui le condamne, ou alors je suis masochiste. Planet : Avez-vous déjà voté pour Jean-Marie Le Pen ?Gilbert Collard : Non, jamais.Planet : Que pensez-vous de la candidature de Marion Maréchal- Le Pen aux régionales en Paca ?Gilbert Collard : Marion est une fille disciplinée qui n’a pas d’ambition nationale. Elle chemine et se forme, elle est dans l’obéissance à Marine et le fait qu’elle soit candidate dénoue une crise. Mais elle n’avait pas au départ de volonté de se présenter.

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Planet : Pourriez-vous faire un ticket aux régionales avec Marion Maréchal-Le Pen ?Gilbert Collard : Je ne sais pas. Je suis profondément contre le cumul des mandats même si dans la position du Front national aujourd’hui nous sommes dans l’obligation de cumuler car nous n’avons pas suffisamment de postes pour renoncer à un mandat. Nous avons peu d’élus malgré un électorat considérable. Planet : Comment avez-vous réagi à la lecture du tweet de Jean-Marie Le Pen qui disait : 'Ferme donc ta gueule, espèce de Collard' ?Gilbert Collard : Je m’en fous. On n’est dans le niveau d’une cours de récréation. J’ai un parapluie psychique. Des jeux de mots, j’en ai fait beaucoup et j’ai tellement ri des autres qu’ils peuvent rire de moi. Je lui ai répondu en disant que je mesure l'impact de mes propos à l'insulte qu'ils provoquent : c'est le cri douloureux du coup de pied au cul ! Plus on m’insulte, plus je suis ravi car cela prouve que j’ai touché un endroit qui fait mal.

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Planet : Approuvez-vous l’hommage qui sera rendu par le secrétaire d’Etat aux Anciens combattants qui va se rendre à Sétif, en Algérie, pour commémorer les 70 ans du massacre par l’armée française ?Gilbert Collard : Non, on ne s’agenouille jamais devant l’histoire de son pays, quelle qu’elle soit. C’est l’œuvre des historiens et pas des politiques. Dans ce cas là, pourquoi ne pas créer le jour de la Toussaint sanglante, jour des premiers attentats commis par les Algériens, et les sommer de demander pardon ? La France a tort".

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