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Suite aux attentats survenus la semaine dernière à Paris, un eurodéputé du Front national a publié une vidéo dans laquelle il affirme que "la France est en guerre avec des musulmans". Des propos qui font grincer des dents Marine Le Pen.

"La France en guerre". Rien que le titre de la vidéo, visible depuis jeudi sur Youtube, en dit long sur la position d’Aymeric Chauprade, eurodéputé FN, au sujet des attentats contre Charlie Hebdo et l’Hyper cacher de la porte de Vincennes, à Paris.

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"La France est en guerre avec des musulmans. Elle n’est pas en guerre avec les musulmans mais avec des musulmans", claironne l’auteur des Chroniques du choc des civilisations. Il distingue alors deux sortes d’islam : "l'islam acclimaté par les nations" d’un côté et "l'islam global qui est resté fidèle à ses fondements djihadiques, à ses fondements historiques et qui dit fondements dit fondamentalisme" de l’autre, véritable ennemi de la France selon lui.

"Entre 900 000 et 1,5 million de musulmans convaincus que l'oumma (la communauté musulmane, ndlr) est supérieure à leur appartenance à la nation française, convaincus que la Charia, la loi islamique, a vocation à se substituer à la loi française", ajoute Aymeric Chauprade avant d’asséner : "Une cinquième colonne puissante vit chez nous et à tout moment peut se retourner contre nous en cas de confrontation générale."

"Je vous demande de ne pas relayer la vidéo d’Aymeric Chauprade"

Face à ces propos, Marine Le Pen a vu rouge. Comme le confirme Europe 1, la présidente du Front national a fait parvenir une circulaire à tous ses secrétaires et chargés de mission départementaux, leur demandant expressément de ne pas relayer les dires de l’eurodéputé.

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"Pour des raisons juridiques, je vous demande de ne pas relayer la vidéo d'Aymeric Chauprade intitulée "La France en guerre", postée hier sur les réseaux sociaux", écrit Marine Le Pen dans cette circulaire.

Une décision pour éviter de faire des vagues qui n’est pas sans rappeler celle prise en juin 2014 contre le journal de bord de Jean-Marie Le Pen. Il y proposait de faire "une fournée" des artistes opposés au FN.  Une suggestion qui avait poussé sa fille, sur "raisons juridiques", à ne plus héberger son journal de bord sur le site officiel du parti.

Aymeric Chauprade, le vilain petit canard du FN

Cet énième pavé dans la mare n’est pas le premier de la part d’Aymeric Chauprade. Connu pour ne pas être raccord avec la nouvelle ligne politique du Front national, il avait déjà croisé le fer avec Marine Le Pen sur la théorie "du grand remplacement".

Définie par l’écrivain d'extême droite, Renaud Camus, cette théorie développe l’idée que le peuple français dit "de souche" serait progressivement supplanté par les peuples immigrés ayant des taux de fécondité bien supérieurs.

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En octobre 2014, Aymeric Chauprade avait soutenu cette thèse qui avait déjà séduit Jean-Marie Le Pen. Il considérait, et considère toujours, qu’elle était "une évidence qu’aucun déni de réalité ne saurait masquer".

Marine Le Pen, elle, avait déclaré ne pas participer à "cette vision complotiste". Sans renier son point de vue sur l’immigration, elle avait pourtant évité de se positionner clairement. "La réalité c'est que notre pays vit une immigration massive. A partir du moment où on met en place le multiculturalisme, on ne permet pas à deux sociétés de vivre. On prend le risque de la confrontation des cultures", avait-elle déclaré sur France Inter.

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