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Entre anecdotes croustillantes et détails sur son projet de retour, Maud Guillaumin dresse un portrait sans concession d'Arnaud Montebourg. Entretien avec l'auteure du "Vicomte".

Planet : Pourquoi avoir intitulé votre livre ‘Le Vicomte’ ?

Maud Guillaumin : "On dit souvent d’Arnaud Montebourg qu’il pavane. Et puis il y aussi cette anecdote à propos de son nom de famille. Pendant des années, il s’est laissé appeler ‘De Montebourg’ ! Ce n’est qu’en 2011 et alors qu’il était candidat à la primaire socialiste que ses conseillers en communication lui ont demandé d’inscrire son vrai nom pour renvoyer une image plus sociale, plus à gauche.

Et alors qu’il a été élu député en 1997, on note que pendant près de quinze ans il n’a pas souvent tapé du poing sur la table pour rétablir la vérité... Ses collaborateurs m’ont d’ailleurs confié que cela lui faisait plaisir d’entendre son nom précédé d’une particule. Même quand il s’est marié avec Hortense de Labriffe (dont il est aujourd’hui divorcé, ndlr), il était content de pouvoir faire un grand pas social, d’entrer dans le cercle des gens bien nés. Il a également éprouvé ce sentiment en intégrant Sciences-Po. Lui, le provincial a ainsi pu fréquenter des gens plus aisés comme les frères Beigbeder. Arnaud Montebourg est comme un Rastignac ambitieux.

Planet : Il est aujourd’hui en couple avec Aurélie Filippetti, une manière de se gauchiser également ?

Maud Guillaumin : Je ne sais pas trop. Je pense que cela illustre le fait qu’aujourd’hui il n’a plus besoin de la reconnaissance à laquelle il aspirait quand il a démarré sa carrière d’avocat. Il n’a plus besoin d’artifices. Ses collaborateurs disent pourtant qu’il n’a pas changé, qu’il est comme quand il était jeune homme. Il prend toujours les affaires à bras-le-corps tout en cherchant à flamboyer. Tous ceux qui ont travaillé avec lui, même ceux qui ne le connaissaient pas avant d’intégrer son cabinet, m’ont dit avoir été bluffés.  Selon eux, ‘il y a chez lui un petit truc en plus’ qui fait qu’il envoûte les gens.

Planet : Arnaud Montebourg envisage-t-il de revenir ?

Maud Guillaumin : Oui, c’est certain. Il n’a pas l’attitude de quelqu’un qui a oublié la politique. Il envoie fréquemment des ‘cartes portales’. On l’a ainsi vu avec sa compagne à la manifestation du 11 janvier à Paris. Plus récemment, il a même ouvertement critiqué la politique menée par François Hollande et Manuel Valls alors qu’il donnait une conférence à Princeton aux Etats-Unis. Il savait que des médias français étaient là alors il en a profité.

Planet : Vous dressez un portrait peu flatteur de l’ancien ministre…

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Maud Guillaumin : Les hommes politiques sont souvent affidés. C’est le cas par exemple de Nicolas Sarkozy avec Brice Hortefeux. Ce dernier a comme prêté allégeance à l’ancien chef de l’Etat. Mais Arnaud Montebourg ne veut pas de ce système, aussi courant soit-il. Il n’a jamais rendu la pareille à un collègue qui lui a rendu service. Ce n’est pas un bon copain. Toutefois, pour se dédouaner, il invoque le fait que ses collègues qui l’ont aidé, ne lui ont par rendu service à lui mais plutôt à la cause qu’il sert…

Quant à son rapport à avec l’argent, Arnaud Montebourg a certes évité de payer ses amendes mais cela remonte à loin. A cette époque, il n’était encore qu’un jeune avocat. Cette anecdote ne nous éclaire pas sur qui il est aujourd’hui. Ce n’est pas un homme d’argent. Il a effectivement un côté dandy qui aime être bien habillé mais l’argent ne l’intéresse pas pour autant. Il n’est plus flambeur comme il a pu l’être au début de sa carrière dans la magistrature. D’ailleurs, il m’a un jour confié qu’il déclarait toujours plus que ce qu’il devait aux impôts afin qu’en cas de contrôle il soit sûr de n’avoir rien à se reprocher et que ce soit même les impôts qui lui rendent de l’argent !"