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Épinglé par le site d'investigation, le conseiller du président de la République a fait l'objet d'une enquête journalistique qui pointe des potentiels conflits d'intérêts avec l'industrie pharmaceutique.

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Il est connu pour être un proche de François Hollande. Occupant le bureau jouxtant celui du chef de l’Etat à l’Elysée, Aquilino Morelle occupe les postes-clés que sont conseiller politique du président et chef de la communication de François Hollande.

C’est ce qui a mené Mediapart à enquêter sur le personnage souvent présenté comme brillant et intègre dans la presse. Le site d’investigation publie alors aujourd’hui une enquête (lien payant) titré "Elysée: les folies du conseiller de François Hollande" dans laquelle il est questions d’abus, de conflits d’intérêts et de chaussures de luxe.

Des liens avec des labos pharmaceutiques

Mediapart ne s’est pas contenté de passer au crible ses activités de conseiller et de plume du président mais est remonté jusqu’à l’année 2007. À cette époque, il réintègre l’IGAS (l'inspection générale des affaires sociales). Or, le site fait état de ses collusions avec des laboratoires pharmaceutiques pendant cette période.

Il travaille à l’époque pour le laboratoire danois Lundbeck en parallèle à la rédaction d'un rapport sur "l'encadrement des programmes d'accompagnement des patients associés à un traitement médicamenteux, financés par les entreprises pharmaceutiques" pour l’IGAS. Sa tâche pour Lundbeck consistait à organiser des rendez-vous entre le laboratoire et l’organisme chargé de fixer les prix et les taux de remboursements des médicaments, le CEPS. Il n’a cependant pas assisté à ces rencontres.

Si cela pose des problèmes d’éthique, l’intéressé indique à Mediapart que, dans le respect des règles fixées par la loi, ceci n’est pas interdit. "En tant que fonctionnaire, un certain nombre d’activités annexes sont autorisées, dont l’enseignement et le conseil" se justifie-t-il.

Le site précise alors que selon l’article 25 de la loi du 13 juillet 1983  il est défendu  aux fonctionnaires d’exercer "à titre professionnel une activité privée lucrative de quelque nature que ce soit". Ce qui est confirmé par André Nutte, le directeur de l’IGAS de l’époque. Si faute il y a, le code pénal considère que cette double activité constitue une prise illégale d'intérêt. L’actuel conseiller du président aurait donc touché 12.500 euros de ce ménage et aurait tenté de renouveler l’expérience avec d’autres laboratoires comme le laboratoire Servier.

Abus et chaussures de luxe

Mais ce n'est pas tout. Selon Mediapart, Aquilino Morelle jouit à titre gracieux des largesses de l’État. Il aurait ainsi obtenu la mise à disposition 24h/24 de deux chauffeurs privés. Selon le journaliste, la plume de François Hollande se servirait de ce service à des fins personnelles. L’un des deux véhicules servirait à mener le mardi après-midi son fils dans diverses activités dans le XVème arrondissement de Paris.

Le journal met aussi au jour la passion de l’homme pour les chaussures de luxe. Il en possèderait ainsi une trentaine de paires. Si celles-ci n’ont pas été payées aux frais du contribuable, Mediapart s’interroge sur la venue de son cireur attitré dans les locaux de la République. Il aurait ainsi fait privatiser un salon de l’hôtel de Marigny pour que son cireur puisse exercer tout à son aise.

La vision d’un laquais cirant les souliers d’un marquis précieux sous le faste des dorures, un moment accaparées pour ce coquet caprice, contraste avec la République irréprochable défendue par le chef de l’État.

Un "droit de réponse" sur Facebook

L'intéressé s'est servi du célèbre réseau social pour donner sa vision de l'affaire. Au terme d'une longue explication, les preuves quant à son autorisation ne sont toujours pas apportées. Ce dernier évoque un "article alimenté par des rumeurs et des contre-vérités" et insiste "a aucun moment je n’ai donc été en situation de conflit d’intérêts". Contacté par le Scan du Figaro, Aquilino Morelle laisse entendre qu'il s'agit d'un coup bas adressé part les laboratoires Servier qui n'auraient toujours pas avalé son rapport sur le Médiator.

Concernant la mise à disposition de la voiture, le conseiller se défend en ces termes :"il est exact que mon emploi du temps extrêmement chargé ne m’a pas toujours permis d’aller moi-même chercher mon fils le lundi soir, à 19h30, à la sortie d’un enseignement –ce que j’aurais eu beaucoup de plaisir à pouvoir faire moi-même".

En vidéo sur le même thème : Les accusations de Mediapart sur Aquilino Morelle expliquées en vidéo