AFP
Manuel Valls a estimé mardi à l'Assemblée nationale qu'il y avait actuellement un "apartheid territorial, social et ethnique" en France. Ce n'est pas la première fois qu'un politique se permet un tel pont dans l'Histoire.
Sommaire

Pour donner du poids à leurs propos les politiques sont parfois prêts à employer des termes forts. Quitte à faire des comparaisons entre des évènements ou des références historiques hasardeuses. Retour sur les plus récents.

Manuel Valls et l’apartheid en France

Deux semaines après la série d’attentats qui ont frappé la France, le gouvernement veut se montrer mobilisé. Aussi, à l’occasion de ses vœux à la presse mardi, le Premier ministre a décidé d’évoquer les "maux qui rongent notre pays" et qui peuvent, en partie, expliquer la situation actuelle. Selon le chef du gouvernement, les "stigmates" des émeutes de 2005 seraient même "toujours présents" : "la relégation péri-urbaine, les ghettos" seraient fréquents dans les banlieues, ce qui conduirait à "un apartheid territorial social et ethnique".

A lire aussi –Ce n’est pas la première fois que Manuel Valls utilise le terme "apartheid"

Des morts forts qui font clairement écho à l’ancien régime sud-africain. Ce qui n’a pas plu à l’opposition. Rapidement après le discours de Manuel Valls, plusieurs voix se sont élevées au sein de l’UMP et du FN. "Grigny ou Aulnay ne sont pas Soweto! (un township sud-africain, ndlr) Et Kouachi n'est pas Mandela! À moins que Manuel Valls ne se prenne pour de Klerk (du nom de l'ex-président sud-Africain qui a mis fin à l'apartheid, ndlr)", a réagi l’ancien ministre Pierre Lellouche sur Twitter. "Ses propos ne feront que jeter de l'huile sur le feu, en avivant le ressentiment et la haine entre des groupes de Français incités à se penser en communautés", a de son côté dénoncé le vice-président du Front National, Florian Philippot.

François Fillon, Bachar-al-Assad et le nazisme

Au cours d’un entretien accordé au Monde et dévoilé ce mercredi, l’ancien Premier ministre a livré son avis sur la manière dont la France devrait lutter contre les djihadistes. Estimant qu’il faut un changement, l’ex-chef du gouvernement a prôné la mise en place d’un "aggiornamento diplomatique car le terrorisme n’est pas uniquement une question intérieure". Et pour ce faire, il faut, selon lui, renouer des liens avec Vladimir Poutine. Son objectif : que le président russe parvienne à pousser son homologue syrien Bachar al-Assad vers la sortie. Aussi, n’a-t-il pas hésité à comparer le régime du président syrien au nazisme.

"Il ne faut plus raisonner comme du temps de la guerre froide, avec l’OTAN et un front commun constitué par les nations occidentales. Il faut élargir nos alliances. Tant que l’on n’entame pas une discussion sérieuse avec la Russie, il n’y a aucun espoir, à court terme, d’obliger Bachar Al-Assad à quitter le pouvoir en Syrie pour faire émerger un régime de transition" a-t-il affirmé avant d’ajouter : "quand il s’est agi de combattre le nazisme, nous n’avons pas hésité à nous allier avec Staline". Et celui-ci de souligner ensuite : "Poutine n’est pas Staline mais aujourd’hui, malgré nos différends, nous avons le devoir commun d’éteindre l’incendie qui nous menace tous" dit encore François Fillon qui appelle aussi à "discuter avec l’Iran, qui est un grand pays et qui va monter en puissance dans la région".

Nicolas Sarkozy et la stasi

L’année dernière, et alors qu’il était au cœur de l’affaire dite des écoutes, Nicolas Sarkozy est sorti du silence dans lequel il s’était muré depuis sa défaite en 2012 pour dénoncer le traitement qui lui était réservé. Dans une tribune, l’ex-chef d’Etat avait estimé que les principes sacrés de la République avaient été "foulés aux pieds avec une violence inédite et une absence de scrupule sans précédent". Furieux, Nicolas Sarkozy avait même fait un rapprochement avec la police politique de la RDA. "Aujourd’hui encore, toute personnes qui me téléphone doit savoir qu’elle sera écoutée. Vous lisez bien. Ce n’est pas un extrait du merveilleux film 'La vie des autres' sur l’Allemagne de l’Est et les activités de la Stasi. Il ne s’agit pas des agissements de tel dictateur dans le monde à l’endroit de ses opposants. Il s’agit de la France", avait-il raillé. A lire aussi – Stasi : 5 points qui montrent les limites de la comparaison Une comparaison avec la Stasi qui avait fait réagir François Hollande. "Toute comparaison avec des dictatures est forcément insupportable", avait estimé le président.

Vidéo sur le même thème ; la tribune de Nicolas Sarkozy