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En 1995, Jacques Chirac déclarait à propos de son premier ministre : "Il est probablement le meilleur d'entre nous". Vingt ans plus tard et à l'aube de la présidentielle de 2017, qu'en est-il ?
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"Il m’a confirmé son jugement, que j’étais ‘le meilleur d’entre nous’ ", a déclaré Alain Juppé, sûr de lui, en septembre dernier. Aussi, si l’on en croit le maire de Bordeaux, il serait toujours perçu par Jacques Chirac perçu comme l’homme providentiel. Un sentiment qui prend une toute autre ampleur à la veille de la prochaine élection présidentielle. "Vous savez, Jacques Chirac est un fidèle, il ne change pas d’avis (…) Je ne veux pas m’immiscer dans les problèmes matrimoniaux de quelque couple que ce soit", a également précisé Alain Juppé à propos de ce que l’ex-Première dame a pu dire à son sujet. C’est un homme "très froid, il n’attire pas les électeurs", avait déclaré Bernadette Chirac qui ne partage pas l'avis de son mari.

Juppé, un "bon président" pour 48% des Français

Elle n’est d’ailleurs pas la seule à avoir attaqué Alain Juppé sur sa personne et ses manières. "Ce n’est pas un concurrent vu son âge", a en effet lâché Nicolas Sarkozy, son principal challenger dans la course à l’Elysée, il y a quelques mois. Agé de 70 ans, Alain Juppé serait-il trop vieux pour briguer un mandat présidentiel ? Non, si l’on en croit le sondage Vivavoice selon lequel 48% des Français estiment qu’il ferait un bon président, devant Manuel Valls (40%) et Nicolas Sarkozy (37%).

Devancé par Sarkozy auprès des militants UMP

La stratégie adoptée par Alain Juppé ces derniers temps aurait pourtant pu en déstabiliser quelques-uns, notamment au sein de son camp. "Tant que  François Hollande faisait de la figuration pour la présidentielle, Alain Juppé jouait le remplaçant de luxe pour un électorat de gauche en déshérence", a souligné Eric Zemmour sur RTL. Mais la donne a été inversée avec "l’Esprit du 11 janvier", François Hollande retrouvant son image de président. "À partir du moment où le sortant redevient sortable, le centriste se sent à l'étroit et meurt à l'étouffée entre la gauche qui se requinque et la droite qui se durcit", a encore analysé le chroniqueur. 

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Une tendance qui semble se ressentir dans les sondages. Aux commandes de l’UMP, Nicolas Sarkozy est toujours préféré à Alain Juppé pour 2017 par les militants UMP (sondage Atlantico). En revanche, l’ensemble des Français préfère le maire de Bordeaux à l’ex-chef d’Etat (34% contre 27%). La tendance est toutefois en recul pour Alain Juppé. "Nous constatons que par rapport à novembre 2014, Alain Juppé recule très nettement sur toute une série d'indicateurs, qu'il s'agisse de l'ensemble des Français ou des sympathisants UMP", avait commenté Jérôme Fourquet, directeur du département opinion publique de l'institut de sondages, cité par Atlantico.

La question du programme

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Et même si son plan semble commencer à montrer ses limites, il tentera certainement "de faire comme son mentor, en 1995, Jacques Chirac, en essayant d’être partout à la fois le plus longtemps", note de son côté Le Figaro qui prévient également que cette situation ne pourra pas durer. Arrivera un moment où il "devra de plus en plus faire des propositions concrètes, ce qui s’appelle, in fine ; un programme électoral, où tous ses soutiens et admirateurs d’aujourd’hui ne se retrouveront pas", peut-on lire dans le quotidien. Un exercice auquel son principal rival semble avoir pris une longueur d'avance. En témoignent ses récentes déclarations aux allures de discours de campagne. Le "meilleur d’entre nous" se laissera-t-il devancer par le "champion de la droite" ?

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