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Samedi dernier, Nicolas Sarkozy a évoqué en meeting "l'abrogation" de la loi Taubira. Proposition critiquée car jugée impossible à réaliser par son propre camp, celle-ci a surtout été improvisée raconte ce mardi Le Parisien.

Aurait-il dû prononcer le mot "abrogation" devant les militants anti-mariage gay ? Selon l’état-major sarkozyste, non seulement l’ancien président aurait mieux fait de s’abstenir, mais ce n’était pas du tout à l’ordre du jour. Cités par Le Parisien, les proches de Nicolas Sarkozy vont même jusqu’à évoquer une "improvisation" qui a scié tout le monde. Selon l’un de ses lieutenants, le candidat à la primaire UMP "s’est pris les pieds dans le tapis" alors qu’un autre élu de l'opposition regrette que Nicolas Sarkozy fasse "comme d’habitude, il dit à son auditoire ce qu’il a envie d’entendre".

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Même si l’ancien locataire de l’Elysée, malgré sa position floue sur le sujet, a souvent plaidé pour la réécriture de cette loi, jamais le principe de l’abrogation n’aurait été évoqué en petit comité. Si l’un de ses conseillers confie au Parisien que Nicolas Sarkozy est pour le mariage homosexuel mais contre l’adoption, ouvrant donc la voie à la création d’un mariage spécifique pour les couples de même sexe, nos confrères du Lab ont noté que cette proposition contredisait celle faite par le candidat Sarkozy lors de la campagne présidentielle de 2012…

"Il a tellement peur de ne pas faire un score de République bananière…"

Alors que ces principaux soutiens, Nathalie Kosciusko-Morizet en tête, ont publiquement contredit la position prise la veille par celui qui brigue la présidence de l’UMP, certains à droite avancent des hypothèses quant à cette faveur consentie aux militants de la manif pour tous. Pour l’un de ses anciens conseillers, Nicolas Sarkozy fait du "Hollande", cédant aux sirènes d’une minorité bruyante dans son camp. "Il a tellement peur de ne pas faire un score de République bananière…" a expliqué cet ex-conseiller au Parisien.

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Or avec cette sortie "improvisée", cela s’annonce compliqué. En effet, comme l’a relevé Le Huffington Post, c’est Hervé Mariton et Bruno Le Maire qui tirent les marrons chauds de cette hasardeuse manœuvre politique. Le premier, anti-mariage gay, en profite pour railler les hésitations de l’ex-président sur le sujet alors que le deuxième, favorable à l’union entre couples de même sexe, apparaît comme celui qui, réaliste, est en phase avec les aspirations des sympathisants UMP maintenant acquis à la loi Taubira.

Autre dommage collatéral témoignant de "l’improvisation" de Nicolas Sarkozy, le réveil des tensions entre les quadras de l’UMP. Le Parisien rapporte en effet le climat délétère qui existe entre deux de ses principaux soutiens : Laurent Wauquiez et NKM. "Une guerre larvée" détaillent nos confrères qui expliquent que derrière les divergences relatives au mariage pour tous se cache en réalité une lutte féroce pour le siège de copilote du vaisseau UMP quand Nicolas Sarkozy en sera porté aux commandes.