La statue géante Femme-Loire au cœur d’une polémique à Tours abacapress
Un projet de statue géante d'une femme nue, signée par le sculpteur Michel Audiard, est appelée à surplomber l'abbaye historique de Marmoutier à Tours. Depuis sa médiatisation, la Femme-Loire suscite une violente polémique : ses détracteurs, qui demandent sa délocalisation dans leur pétition en ligne, ont déjà recueilli près de 5 000 signatures.
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© abacapressUne sculpture monumentale qui doit être érigée en Indre-et-Loire fait actuellement l'objet d'une polémique. La statue représentant une femme nue doit s'élever au dessus d'un lieu saint, inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco.

Ce qui n'est pas sans susciter l'émoi de la communauté catholique, de responsables d'associations, élus tourangeaux ou encore simples citoyens.    

La statue devrait sortir de terre au printemps prochain

© abacapressBaptisée "Femme-Loire", l'immense statue devrait sortir de terre au printemps prochain. C'est le sculpteur Michel Audiard, rendu célèbre grâce à ses stylos prisés de Bill Clinton ou Madonna, qui l'a imaginée il y a 25 ans.

En 2013, elle trônera sur le fleuve et la région tourangelle, à Rougemont, au dessus de l'Abbaye de Marmoutier, premier monastère européen fondé par Saint-Martin et classé monument historique.

© Michel Audiard

Une femme nue et alanguie, appuyée sur ses coudes, jambes entrouvertes

La Femme Loire, réalisée avec l'architecte Robert Mander, sera financée grâce à un apport personnel du sculpteur, un mécénat d'artistes vivants plus une centaine d'entreprises françaises et internationales. Sa construction coûtera au total environ 2 millions d'euros. A terme, l’œuvre pourrait accueillir expositions et spectacles.

Une femme nue et alanguie, appuyée sur ses coudes, jambes entrouvertes© abacapressLong de 40 mètres (environ la largeur d’un terrain de football) et haut sur 17 mètres, l'édifice s'étendra sur 300 m² au sol sur les 9 000 m² d'espaces verts cédés par la Mairie.

La statue représentera une femme dénudée et alanguie, appuyée sur ses coudes, jambes entrouvertes. Constituée d'une charpente en bois, de carton de récupération, de plâtre et de chaux, elle sera recouverte d’une résine naturelle couleur « sable de Loire ».

© Michel Audiard

5 000 signataires d'une pétition contre l'emplacement de la statue

Pour la communauté catholique, des responsables d'associations, élus ou simples citoyens, l'emplacement de la statue dérange. Un collectif "apolitique, regroupant des amoureux de Tours et des coteaux de la Loire qu'ils ne veulent pas voir défigurés" a lancé une pétition en ligne réclamant la délocalisation de la sculpture. Elle a reçu près de 5 000 signatures et sera remise mi-janvier au maire de Tours, Jean Germain, ainsi qu'au préfet d'Indre-et-Loire, Joël Fily.  

5 000 signataires d'une pétition contre l'emplacement de la statue© abacapressLes détracteurs sont également actifs sur les réseaux Facebook et Twitter. On peut ainsi rejoindre le groupe "Pour que la Femme-Loire aille mouiller ailleurs qu'à Marmoutier".  

Si l'emplacement du projet est le premier grief invoqué par les contestataires, l'esthétique de la sculpture divise. Et certains arguent l'obscénité de l'œuvre.

Les signataires de la pétition redoutent la destruction du paysage et l'urbanisation du site classé

Outre le souci patrimonial - l'abbaye de Marmoutier appartient au patrimoine classé à l'Unesco comme "monument de culture et de nature", la pétition évoque des raisons écologiques : les signataires craignent la destruction du paysage et l'urbanisation du site notamment via la construction de parkings.

5 000 signataires d'une pétition contre l'emplacement de la statue© abacapressElle soulève aussi les problèmes de sécurité liés à la fragilité notoire du coteau, sous lequel se situe désormais un établissement scolaire. La pétition souligne encore que l'érection de la statue, qui sera visible depuis l'autoroute A10, pourrait distraire les trente millions d'automobilistes annuels qui l'empruntent et élever le risque d'accidents de la circulation.

Sur le site de la pétition comme sur Facebook ou Twitter, les détracteurs montrent, photomontage à l'appui, la statue dépassant largement des arbres au-dessus de l'abbaye. De son côté, Michel Audiard assure que son œuvre dépassera à peine la cime des arbres et qu'elle sera invisible depuis Marmoutier. Par ailleurs et selon les soutiens de la Femme-Loire, le dossier a reçu un accord de principe de l'architecte des Bâtiments de France

© Michel Audiard

D'une Femme-Maison à un "marqueur identitaire régional"

Séduite par l'emblème que pourrait représenter cette statue, la mairie de Tours a voté en juillet 2007, le prêt gracieux pendant 50 ans du terrain municipal à l'artiste. Mais sur le principe d'une Femme-maison, censée accueillir des logements. L'adjointe au maire reconnaît que le projet a "un peu évolué : il ne s’agit plus d’une structure habitable, mais juste d’une œuvre d’art".

D'une Femme-Maison à un © abacapress"Ouvrir au public posait trop de problèmes" confirmait encore Michel Audiard qui souhaite faire de sa statue géante "un marqueur identitaire régional". Tours, capitale de la Touraine, à défaut d'être celle de la région Centre, accéderait ainsi au statut de capitale de la vallée de la Loire.

Depuis l'évolution du projet, certains conseillers municipaux regrettent d'avoir voté en faveur du bail cédé et ont rejoint le camp des autres signataires en colère.

© Michel Audiard