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Un an après l'élection du président de la République, votre portefeuille fait grise-mine ? Vous n'êtes pas seul ! Cette première année de mandat est probablement l'une des plus difficiles... Mais pas pour tous les contribuables.
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Retraités, dirigeants, couples : votre budget finance-t-il la baisse de l'impôt sur les sociétés ?

Un an après son élection, le 7 mai 2017, Emmanuel Macron a entrepris de nombreuses réformes budgétaires. Certaines ont peut-être été perçues comme anecdotiques par une partie des observateurs, mais toutes ont eu ou auront un impact sur le portefeuille des Français. La hausse de la CSG a frappé une partie considérable des retraités, quand la baisse des APL touchait les étudiants et, d’une façon général, les précaires. De l’autre côté les actifs ont bénéficié partiellement du transfert des cotisations sociales vers la CSG et les contribuables éligibles à l’ISF doivent désormais s’acquiter de l’IFI, l’impôt sur la fortune immobilière. "Ces évolutions de la fiscalité française visent à rendre la France plus attractive et inciter l’investissement analyse", analyse François Ecalle, économiste, ancien rapporteur général du rapport de la cour des comptes, ancien membre du Haut Conseil des finances publiques et président-fondateur de Fipeco. "Globalement, en matière de fiscalité, Emmanuel Macron affiche un objectif clair : environ 20 milliards de baisse sur le quinquennat", rappelle-t-il, non sans préciser que la baisse de l’impôt sur les sociétés doit représenter la moitié de cette érosion de la pression fiscale en France. "Là encore, il s’agit d’améliorer la compétitivité de nos entreprises", indique l’économiste.

Mais au delà des éléments qui viennent justifier l’action politique du président de la République, quelles en sont les conséquences immédiates ? Comment ont-elles impacté les portefeuilles sur la seule année 2018 ? Naturellement, tous les ménages de France ne sont pas touchés de la même façon. "D’une façon générale, Emmanuel Macron fait reculer la fiscalité sur les revenus du capital. La suppression de l’ISF et la mise en place de la flat tax vont dans ce sens. Toujours en gardant à l’esprit l’idée de permettre l’investissement de l’argent économisé vers nos entreprises", assure l’ancien membre du Haut Conseil des finances publiques. Selon lui, il est probable qu’à terme, le chef de l’Etat tienne effectivement sa promesse d’une réduction générale des charges et que son quinquennat profite au compte-bancaire d’une majorité de Français, et pas uniquement celui des entreprises ou des foyers déjà les plus aisés… Mais pas cette année. "En théorie, la pression fiscale devrait effectivement baisser d’ici 2022, bien que cela ne chutera pas énormément. Mais 2018, c’est un peu l’année creuse."

Retraités, dirigeants, couples : une embellie à l'approche... Passé 2018 ?

Ne vous réjouissez donc pas trop vite. De nombreux effets de calendriers font de cette première année de quinquennat, et de l’année en cours, les passages difficiles de ce mandat. "La hausse de la CSG sur les retraités a été immédiate. Sa contrepartie ne l’est pas : elle est étalée dans le temps. Le pouvoir d’achat des actifs, qui doit venir soutenir la consommation des ménages et donc la production des entreprises, a certes été augmenté mais seulement partiellement. La suppression de la taxe d’habitation, qui permettra à 80% des contribuables de gagner un peu d’argent, n’est pas encore faite. On attend encore, aussi la suppression des cotisations sur les heures supplémentaires", souligne François Ecalle. "En parallèle il y a eu des hausses, notamment sur les produits pétroliers et sur le tabac", insiste-t-il.

Ces transferts de fiscalité mettent en opposition, selon lui, les actifs et les retraités. "La CSG a absorbé la baisse des cotisations salariales et fiscales, qui n’ont pourtant que partiellement eu lieu. C’est un montage fondamentalement favorable pour les salariés et c’est une politique assumée par le président de la République." Les plus gros perdants de cette année 2018, pour François Ecalle, ce sont les retraités "moyens", qui ne payent pas une grosse taxe d’habitation et qui ne sont p as assez riches pour être concernés par les baisses de la fiscalité du capital. "Il y a aussi des cas particuliers comme cela peut être le cas pour des dirigeants sous le régime de l’auto-entreprenariat. Eux ne sont pas concernés par les évolutions de la CSG. En revanche, ils peuvent y gagner sur la suppression à venir de la taxe d’habitation et les réformes qui seront appliquées dans les mois ou les années à venir."

A l’avenir, en revanche, le portefeuille des Français devrait plus respirer selon lui, malgré d’éventuelles hausses d’impôts. "Dès la fin de l’année 2018, la pression fiscale devrait repartir à la baisse. Toutefois, cela ne se fera pas sans un certain coût, d’autant plus qu’Emmanuel Macron entend aussi faire des économies sur la fiscalité des entreprises. Il va falloir faire d ’importantes économies sur les dépenses publiques pour financer cette politique", conclut le président de Fipeco.