Volte-face éclair autour de la candidature de Martine Aubry pour les primaires socialistesabacapress
Pendant vingt minutes ce 3 mai, le Nouvel Observateur a déclaré Martine Aubry non candidate pour 2012, avant qu'elle ne démente l'information. Un incident intriguant quand on connaît les enjeux.
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Mardi 3 mai, aux alentours de 14 heures, l'information du Nouvel Obs tombe : Martine Aubry aurait annoncé à ses proches qu'elle ne serait pas candidate à l'élection présidentielle de 2012. Une des analyses possibles d'une telle rétractation est que Dominique Strauss-Kahna pris sa décision : il y va. Malheureusement pour les partisans à l'affût du moindre signe venant du directeur du FMI, la première secrétaire du PS a aussitôt démenti l'information.

Le calendrier avant tout

Lors de ses voeux pour 2011, Martine Aubry, a exprimé la décision du parti de prévoir des primaires avec un "dépôt des candidatures avant l'été et un vote à l'automne". La date du 28 juin a ainsi été arrêtée. Certains ténors socialistes se sont déjà déclarés candidats, comme Arnaud Montenourg fin novembre, ou Ségolène Royal quelques jours après et François Hollande à la fin du mois d'avril (voir notre chronologie de la présidentielle 2012).

Mais la grande inconnue reste la candidature possible de Dominique Strauss-Kahn, donné gagnant aux primaires socialistes et à l'élection présidentielle depuis l'été dernier. Fin novembre, Martine Aubry a garanti vouloir avant tout préserver l'unité du PS pour gagner en 2012, allant même jusqu'à suggérer une candidature réunie autour d'un arrangement Strauss-Kahn/Aubry/Royal. C'est la raison pour laquelle l'information du Nouvel Obs est lourde de conséquences.

Il n'empêche, Martine Aubry n'aurait jamais rien dit à ce sujet. "Il faut qu'on garde son calme. La France attend autre chose", a-t-elle dit pour démentir l'information. "Quand tout sera terminé, on se rendra compte que je n'ai jamais raconté d'histoires". Une annonce qui sonne comme une prophétie. Que sous-entend la fille de Jacques Delors, qui s'était lui même désisté au dernier moment en 1995?

Un DSK toujours silencieux

Dans un reportage sur Canal+ diffusé en mars, le directeur du FMI revenait sur cette question du calendrier. "Je vois bien qu'il y a une attente, des gens m'arrêtent dans la rue. Cette décision, permettez moi de la garder pour moi". Il avait ensuite ajouté: "Ce ne sont pas des sujets légers et puisque des calendriers ont été fixés, tous les gens qui sont susceptibles d'être candidats à gauche auront à se prononcer à ce moment-là. Aujourd'hui, quoi que je puisse avoir dans mon esprit, je le garde pour moi".

Une position qui lui permet de poursuivre son mandat au FMI. Des mois d'attente pour ses partisans, qui s'organisent de manière non officielle. Reste à faire patienter l'opinion. En substance, c'est ce qu'a fait ce même jour le député du Doubs Pierre Moscovici, fidèle strauss-kahnien. Il assure qu'il n'y a "aucune fébrilité, aucune panique, aucune accélération" autour de DSK. Il reconnaît : "C'est vrai qu'on est un peu plus nombreux à souhaiter avec beaucoup d'ardeur la candidature de DSK", avant d'ajouter: "j'imagine que ce jour là (le 28 juin, ndlr) on saura quand même tout. C'est pas utile de prolonger le suspense au-delà".

Ira, n'ira pas?

Le mystère reste pour l'heure entier. Dominique Strauss-Kahn ne laisse rien filtrer, d'autant qu'il est soumis à un devoir de réserve, l'empêchant d'aborder toute thématique liée à la politique française. Mais 30 ans après le début de l'unique présidence socialiste de la Ve République, le PS serait-il prêt à abandonner celui qui apparaît comme son candidat le plus solide ? Si certains n'hésitent pas à faire cavalier seul, dénonçant au passage son éloignement et la politique très libérale du FMI, il est difficile de croire que Martine Aubry abandonne l'idée de faire gagner le candidat favori.

Alors on s'accroche à ce qu'on interprète comme des signes. On se souvient qu'en février, Anne Sinclair avait déclaré au Parisien, au sujet d'une possible réélection de son mari à la tête du FMI : "Pour ce qui me concerne, je ne souhaite pas qu’il fasse un second mandat". On croit également aux rumeurs : des informations de presse affirmaient que lors de son dernier passage parisien, DSK aurait visité un appartement rue Pierre Charon dans le 8e arrondissement, potentiel QG de campagne. Des "Rumeurs fantaisistes" selon Moscovici.

Ce qui est sûr c'est que DSK et Martine Aubry s'entretiennent régulièrement au téléphone, comme cette dernière l'a plusieurs fois affirmé. Pas sûr que le devoir de réserve soit respecté dans l'intimité de ces échanges.